Qu’est-ce qu’un risque volcanique ?
Le risque volcanique résulte de la combinaison entre un aléa, c’est-à-dire la probabilité d’occurrence d’une éruption, et la présence d’enjeux humains et matériels plus ou moins vulnérables dans la zone potentiellement impactée.
Les volcans peuvent générer une grande variété d’aléas :
- coulées de lave
- retombées de cendres et de blocs
- émissions de gaz toxiques
- explosions
- glissements de terrain
- tsunamis, etc.
Chacun de ces phénomènes a des caractéristiques et des conséquences propres.
Le risque volcanique est spécifique à chaque édifice. Il varie dans l’espace en fonction de plusieurs facteurs :
- la topographie
- la distance au volcan
- les conditions météorologiques qui influencent la dispersion des aléas.
Il fluctue aussi dans le temps au gré des phases d’activité du volcan et de l’évolution des enjeux exposés.
La vulnérabilité des personnes et des biens situés dans les zones exposées aux aléas conditionne leur niveau de risque. Cette vulnérabilité dépend de nombreux facteurs :
- densité de population
- type d’habitat
- niveau de préparation
- capacité de réponse des autorités et des individus.
Comprendre le fonctionnement des volcans
Pour appréhender le risque volcanique, il est essentiel de comprendre comment naissent et évoluent les volcans. Leur activité est liée à des processus géologiques complexes qui façonnent la surface de notre planète depuis des millions d’années.
Les volcans se forment principalement au niveau des frontières de plaques tectoniques, là où le magma remonte vers la surface. On distingue différents types de volcans selon leur forme et leur dynamisme éruptif :
Type de volcan | Exemple | Caractéristiques principales |
---|---|---|
Volcan rouge (effusif) | Piton de la Fournaise | – Éruptions effusives avec coulées de lave fluide (basaltique) – Pentes douces et forme de bouclier – Cratère sommital et fissures éruptives sur les flancs – Peu de danger pour les populations |
Volcan gris (explosif) | La Soufrière | – Éruptions explosives avec projections de cendres et de blocs – Forme conique avec pentes raides – Cratère sommital unique – Nuées ardentes et lahars potentiellement meurtriers |
Volcan composite (mixte) | Le Vésuve | – Alternance de coulées de lave visqueuse et de couches de téphras – Forme conique avec pentes de plus en plus raides vers le sommet – Cratère sommital et évents secondaires possibles – Fort risque pour les populations en raison de la nature explosive et imprévisible des éruptions |
Avant une éruption, les volcans montrent souvent des signes d’éveil :
- augmentation de la sismicité,
- déformation du sol,
- émissions de gaz,
- remontée du niveau du magma dans la cheminée volcanique,
- etc.
Ces signaux sont détectés et analysés par les scientifiques pour tenter de prévoir le début d’une éruption.
Pour quantifier la magnitude des éruptions, les volcanologues utilisent l’indice d’explosivité volcanique (VEI). Cette échelle logarithmique va de 0 pour les éruptions effusives à 8 pour les méga-éruptions cataclysmiques. À chaque niveau de VEI correspondent des volumes de produits émis et des hauteurs de panache.
VEI | Type d’éruption | Volume de matériaux éjectés (m³) | Hauteur du panache | Fréquence | Exemple |
---|---|---|---|---|---|
0 | Hawaïenne | < 10,000 | < 100 m | quotidienne | Kilauea |
1 | Strombolienne | > 10,000 | 100-1000 m | quotidienne | Stromboli |
2 | Strombolienne/Vulcanienne | > 1,000,000 | 1-5 km | hebdomadaire | Galeras (1993) |
3 | Vulcanienne | > 10,000,000 | 3-15 km | annuelle | Nevado del Ruiz (1985) |
4 | Vulcanienne/Péléenne | > 0,1 km³ | 10-25 km | ≥10 ans | Eyjafjallajökull (2010) |
5 | Plinienne | > 1 km³ | > 25 km | ≥50 ans | Mont St. Helens (1980) |
6 | Plinienne/Ultra-Plinienne | > 10 km³ | > 25 km | ≥100 ans | Krakatoa (1883) |
7 | Ultra-Plinienne | > 100 km³ | > 25 km | ≥1000 ans | Tambora (1815) |
8 | Ultra-Plinienne | > 1000 km³ | > 25 km | ≥10,000 ans | Yellowstone (il y a 640,000 ans) |
En fonction de l’activité du volcan et des signaux précurseurs, les autorités peuvent déclencher différents niveaux d’alerte, généralement codés par des couleurs (vert, jaune, orange, rouge). À chaque niveau sont associées des consignes spécifiques pour les populations : information, préparation à une évacuation, évacuation.
Pour visualiser la structure d’un volcan et les différents phénomènes éruptifs possibles, rien ne vaut un bon schéma. On y verra :
- le réservoir magmatique,
- la cheminée volcanique,
- le cratère,
- les coulées de lave,
- les retombées de cendres,
- les nuées ardentes,
- les lahars,
- etc.
Surveiller les volcans pour anticiper les risques
La surveillance des volcans est un élément clé de la prévention des risques volcaniques. Elle permet de détecter les signes précurseurs d’une éruption et de donner l’alerte aux populations et aux autorités. Pour cela, les volcanologues utilisent une panoplie d’outils et de méthodes complémentaires.
Les outils
Plusieurs outils efficaces sont disponibles pour pouvoir surveiller l’activité des volcans.
Sismomètres
Ils enregistrent les séismes volcano-tectoniques et les tremblements harmoniques liés à la remontée du magma.
Inclinomètres et GPS
Ils mesurent les déformations du sol qui témoignent de la pression exercée par le magma sur les parois de la chambre magmatique.
Échantillonnage et analyse des gaz
Ils permettent de suivre l’évolution du dégazage du magma et de détecter d’éventuelles variations de composition.
Caméras thermiques et satellites
Ils fournissent des images en temps réel de l’activité en surface du volcan et des anomalies thermiques.
Ces différents outils sont déployés à la fois sur le terrain, au plus près du volcan, et à distance, dans les observatoires volcanologiques qui centralisent et analysent les données en continu.
L’apport des données historiques pour cartographier les zones à risque
En complément de la surveillance en temps réel, les volcanologues s’appuient aussi sur les données historiques pour mieux comprendre le comportement passé du volcan et anticiper ses éruptions futures.
L’étude des dépôts laissés par les éruptions précédentes permet de cartographier les zones qui ont été touchées et celles qui pourraient l’être à l’avenir. Cette connaissance de l’histoire éruptive du volcan est essentielle pour :
- définir les scénarios probables,
- délimiter les zones à risque,
- orienter les mesures de prévention et de protection des populations.
Les progrès technologiques et scientifiques récents (et à venir)
La surveillance volcanique bénéficie des avancées technologiques dans de nombreux domaines :
- imagerie satellite,
- capteurs plus précis, intelligence artificielle pour traiter les données,
- modélisation numérique pour simuler les scénarios éruptifs,
- etc.
Ces innovations permettent d’affiner la compréhension des processus volcaniques et d’améliorer la précision et l’anticipation des éruptions.
De nombreux défis restent cependant à relever pour progresser encore dans la prévision volcanique :
- mieux comprendre les signaux précurseurs,
- intégrer la variabilité des comportements des volcans,
- réduire les incertitudes sur la localisation et la date des éruptions,
- etc.
Se préparer et réagir face à une éruption
Face au risque volcanique, il est essentiel d’anticiper et de se préparer au mieux à une éventuelle éruption. Cette préparation repose sur une collaboration étroite entre les scientifiques, les autorités et les populations locales.
Les plans de prévention et d’évacuation des autorités
« La surveillance régulière de l’activité volcanique permet d’alerter les autorités en cas de danger potentiel afin de prendre les mesures de protection et de sauvegarde des populations si nécessaire (évacuation préventive, confinement…). »
Géorisques
Ces mesures sont définies dans des plans de prévention des risques volcaniques (PPRV) qui cartographient les zones exposées et prévoient les actions à mener en cas d’alerte.
En cas d’éruption imminente, des plans d’évacuation sont déclenchés pour mettre la population à l’abri.
Les consignes de sécurité et comportements à adopter pour les populations
Pour que ces évacuations se déroulent dans les meilleures conditions, il est crucial que les habitants des zones à risque soient informés et préparés. Les bons réflexes à avoir sont :
- se tenir informer de l’évolution de la situation,
- se préparer à une évacuation (papiers d’identité, radio, lampe de poche, eau, médicaments…),
- suivre les consignes des autorités,
- etc.
En cas de retombées de cendres, il est recommandé de :
« Se mettre à l’abri dans un bâtiment, fermer portes et fenêtres, se couvrir le nez et la bouche avec un masque ou un linge humide, écouter la radio pour connaître les consignes ».
Vulcania
Des exercices d’évacuation sont régulièrement organisés pour tester ces procédures et familiariser la population.
La gestion de crise et la coordination des secours
Lorsqu’une éruption se produit, tout un dispositif de gestion de crise se met en place pour coordonner les opérations de secours et d’assistance.
La priorité est donnée à la mise en sécurité des personnes, puis à la protection des biens et des infrastructures critiques (hôpitaux, réseaux d’eau et d’électricité…).
Les scientifiques de l’observatoire volcanologique suivent en direct l’évolution de l’éruption et conseillent les autorités sur les mesures à prendre. Les forces de sécurité civile, les militaires et les associations de bénévoles sont mobilisés pour porter secours aux personnes en difficulté et organiser la prise en charge des évacués dans des centres d’hébergement d’urgence.
« Ils ont environ 5 minutes pour récupérer leurs affaires et ensuite nous passer à la maison suivante et ainsi de suite… »
Secouriste de la ville de Grindavik
Les conséquences multiples des éruptions
Une éruption volcanique peut avoir des répercussions profondes et durables sur les populations, l’environnement, l’économie et la santé. Ces impacts s’inscrivent dans le temps long et nécessitent une gestion adaptée.
Les impacts humains directs et indirects, à court et long terme
Les éruptions peuvent faire des victimes directes, tuées par les coulées de lave, les projections ou les gaz toxiques. Mais elles ont aussi des effets indirects et prolongés sur les populations :
- blessures,
- déplacements forcés,
- perte de logement et de moyens de subsistance,
- traumatismes psychologiques,
- etc.
Les dommages environnementaux, économiques et sanitaires
Les éruptions ont un impact majeur sur l’environnement : destruction de la végétation, modification des paysages, perturbation des écosystèmes… Les cendres et les gaz émis peuvent affecter la qualité de l’air, de l’eau et des sols, avec des conséquences sanitaires pour les populations et la faune.
Sur le plan économique, les dégâts peuvent être considérables : destructions d’infrastructures (routes, ponts, réseaux…), paralysie des activités (agriculture, tourisme, industrie…), coûts de reconstruction…
« Les pertes économiques directes et indirectes se chiffrent souvent en milliards d’euros.«
Géorisques
Les défis de la reconstruction et du retour à la normale
Après une éruption, tout un territoire doit se reconstruire. C’est un défi immense qui implique de nombreux acteurs : pouvoirs publics, assurances, entreprises, associations, habitants… Il faut reloger durablement les personnes déplacées, rebâtir les infrastructures détruites, relancer les activités économiques, restaurer les écosystèmes abîmés, prendre en charge les traumatismes psychologiques… Cette phase de reconstruction est souvent longue et complexe. Elle nécessite des moyens financiers et humains importants, ainsi qu’une coordination efficace.
L’éruption du volcan Nyiragongo en République Démocratique du Congo en 2002 illustre bien ces défis. La coulée de lave a détruit 15% de la ville de Goma, laissant 120 000 personnes sans abri. Les dommages ont été estimés à 470 millions de dollars.
Dans l’urgence, la Croix-Rouge et les ONG ont mis en place des camps de déplacés et apporté une aide humanitaire. Puis les autorités ont dû gérer le relogement des sinistrés, la reconstruction des quartiers détruits, le déblaiement des routes, la remise en état des réseaux d’eau et d’électricité… Un travail de longue haleine, ralenti par l’instabilité politique et le manque de moyens.
Même une vingtaine d’années après, les stigmates de l’éruption sont encore visibles à Goma. La ville s’est relevée, mais reste exposée au risque volcanique. Un observatoire a été créé pour surveiller le volcan, mais les moyens restent limités. La mémoire du risque s’estompe et les constructions illégales se multiplient dans les zones rouges. Autant de défis pour la résilience de ce territoire meurtri.
- La compréhension du phénomène est importante : Étudier les types de volcans et les mécanismes des éruptions pour anticiper les dangers.
- L’anticipation : L’utilisation de sismomètres, GPS, et autres technologies permet de détecter les signes précurseurs d’éruptions et mieux se préparer
- La prévention est cruciale : Élaborer des plans d’évacuation et informer les populations sur les mesures de sécurité à adopter.
- Réduire l’impact : Gérer les crises et coordonner la reconstruction après les éruptions permet de minimiser les conséquences.